Albert Vauchelet [1] a publié en 1940, un ouvrage intitulé "Tous les Patois des Ardennes", sous-titré "Vieux Langages et Vieilles Choses" (préface de Charles Bruneau, Professeur à la Sorbonne), édité par la "Société des Ecrivains Ardennais", dont voici la table des matières : Introduction : l'auteur, qui ne nous dit pas grand-chose de sa biographie, mais dont on sait qu'il fut instituteur, explique néanmoins avoir eu l'avantage d'habiter une vingtaine de localités différentes : dans les Ardennes, les départements limitrophes, et aussi en Belgique. Pour notre département, il retient 7 régions linguistiques, où les patois se sont mélangés, entre eux et au français classique. Il prétend qu'il est possible de reconnaître un Ardennais à son parler, et même le coin des Ardennes d'où celui-ci serait originaire. De ses nombreuses années de recherches et de compilation, il a surtout retenu les termes ou leurs emplois qui n'ont pas d'équivalents en français. Préface : de Charles Bruneau, natif de Chooz, et professeur à la Sorbonne, qui s'exprime en linguiste, mais surtout en Ardennais, content de retrouver, dans le recueil d'A.Vauchelet, quelques souvenirs plaisants de son enfance. Il regrette aussi la mort lente des patois, ... et l'accélération de cette mort, via la T.S.F et ses - mauvais - professeurs de français ! Glossaire : environ 4500 mots, dans l'ordre alphabétique, représentant les 3/5 de l'ouvrage, - Plantes, fruits, etc : en patois,
- Cuisine populaire et mets ardennais... ,
- Expressions, exclamations, jurons, dictons,
- Surnoms donnés aux habitants des principales localités (blasons),
- Sobriquets : ...,
Comment s'exprimaient autrefois les Ardennais (lettres, inventaires, et autres écrits), depuis le Moyen-Age, Patois actuels : depuis le milieu du 19ème siècle, partie de l'ouvrage d'où sont tirées deux histoires amusantes : rangées à la rubrique "Détente".Métiers disparus ou en voie de disparition, avec le vocabulaire qui leur était (est) propre, - Sorciers, sorcières, apparitions, légendes,
- Saints renommés et pélerinages,
- Réjouissances et amusements, jeux, chants et rondes,
- Liste des souscripteurs : environ 200 noms.
Quelques dictons ou expressions, parmi plusieurs centaines, tirés de ce recueil : avec leurs traductions, d'où ressortent la forme imagée, l'ironie, parfois la grivoiserie.- Tu n'vins mi d'Saint-Roger, det fois : Tu ne viendrais pas de Saint-Roger, par hasard ? [Saint-Roger d'Elan guérissait les simples d'esprit].
- Il est vendu set ch'vus pou aoi in peigne : Il a vendu ses cheveux pour avoir un peigne.
- A couchie avu let chiens, on n'pu mau quu du s'lever avu det puces : A coucher avec les chiens, on ne peut [mal] que se lever avec des puces.
- Çà n'est mi chu da in pot troué : Ce n'est pas tombé dans un pot troué [dans l'oreille d'un sourd].
- Elle su met su s'dos pu facilement qu'ine cabe su ses cornes : Elle se met sur le dos, plus facilement qu'une chèvre sur ses cornes.
- Puque quu l'bouc pue, puque quu let cabres le rouêtant : Plus le bouc pue, plus les chèvres le regardent.
- Ine belle étroclée d'herbes nu reste mi sans crotte du chin : Une belle touffe d'herbe ne reste jamais sans crotte de chien.
- Quand elle su leuve, n'iest longta quu les chum'nées sant su let toits : Quand elle se lève, il y a longtemps que les cheminées sont [fument] sur les toits [ce n'est pas une courageuse].
- Elle nu pîtrême su let crapauds : Elle ne marchera pas sur les crapauds [qu'on voit tôt, dans la rosée du matin].
- On oit bin qui n'fait mi biau, let chameaux voyageant : On voit bien qu'il ne fait pas beau, les chameaux passent.
- On n'sarot r'muer n'gerbe sans faire choir don grain : On ne saurait remuer une gerbe sans faire tomber du grain.
- Fu mett' lu clochie au mitan don village : Il faut mettre le clocher au milieu du village.
- Let corbiaux n'faisant pon d'agaces : Les corbeaux ne font pas de pies.
De distingués linguistes n'apprécient que modérément la partie "lexique" de ce recueil :

Le lexique, dont le menu figure en haut de cette page (ou sur la gauche de l'écran, si l'on y a accédé par l'entrée "Du Patois"), comporte moins de 200 termes, auquels il convient d'ajouter ceux cités en exemple de la "prononciation". Je n'ai pas vérifié si tous figuraient dans l'ouvrage d'A.Vauchelet, n'en disposant pas à l'époque où je les ai transcrits. Le glossaire du Patois de Sorcy-Bauthémont, présenté par ailleurs, comporte environ 1850 termes, et peut être vu comme une action de sauvegarde qui aurait sans doute reçu l'agrément de mes illustres prédécesseurs. M.D. [1] Le nom de Vauchelet n'est, la plupart du temps, associé qu'à l'initiale de son prénom. Merci à Denis Delaplace de nous l'avoir précisé dans son entier. |