Journées de Vacances 2015
Pauvres et Juniville (4 septembre)
Buzancy, Barricourt et Tailly (5 septembre)

Suivant la règle de l’alternance géographique, que nous essayons de respecter, nous sommes revenus cette année vers le Sud des Ardennes, pour une journée consacrée à l’agro-alimentaire puis vers l’Est, à Buzancy, localité où « l’Ardenne à Paris » s’est rendue pour la première fois depuis la création des journées de vacances.

  Après l’eau en 2010 et la forêt en 2013, le thème fédérateur de la journée du 4 septembre est l’agro-alimentaire. Le matin à Pauvres, nous étions une trentaine sur le site de l’entreprise LUZEAL. Tous les Ardennais de la région connaissent ce site longtemps dénommé CADSAR. L’entreprise coopérative s’appelle désormais LUZEAL, elle est issue de la fusion des coopératives Alfaluz et Euroluz en 2009. Nous sommes accueillis par M. Etienne PLANCQ, responsable du site qui, à l’aide d’un diaporama, nous présente LUZEAL, entreprise dont l’activité est la déshydratation des productions végétales des adhérents (luzerne, maïs, pulpe de betterave, oeillette, miscanthus ou herbe à éléphants, farine et pépins de raisin). La richesse de l’exposé et les nombreuses questions posées par l’assistance sur les différentes cultures ont permis à beaucoup de découvrir l’activité de LUZEAL et de mesurer son impact économique tant localement, avec l’irrigation notamment, qu’au-delà de nos frontières avec l’exportation d’une partie des produits. D’autres filiales du groupe sont installées sur le site : France Luzerne qui stocke la luzerne, Désialis qui commercialise la luzerne et la pulpe de betterave déshydratées, Agromi qui commercialise le miscanthus (qui fit l’objet de plusieurs questions) et traite en outre la farine et les pépins de raisin et produit des granulés de bois et des agro-combustibles. A noter que Pauvres n’est que l’un des sites de la coopérative LUZEAL qui possède dans la Marne d’autres unités de production : Pontfaverger, Saint-Rémy-sur Bussy, Sept-Saulx et Recy.

  Après cette première présentation, MM. Emmanuel COLAS, responsable de l’unité et Antoine LEDOUBLE responsable commercial nous présentent une autre filiale : NEALIA, créée en 2008 par la Copam et la Cadsar et qui est l’un des quatre sites de production d’alimentation animale du groupe, répartis dans le Grand Est. A noter que le groupe Vivescia est également actionnaire de NEALIA. Avec 435 000 tonnes d’aliments distribués par an et 8 000 clients, NEALIA représente 50% du marché des bovins et 46% de celui de la volaille. NEALIA n’est toutefois pas positionné sur le marché des aliments pour animaux de compagnie dont la Grand-Bretagne est la principale productrice. Si un malentendu nous a privés de la visite de l’usine NEALIA, certains se sont d’ores et déjà inscrits pour une prochaine visite. (Pour en savoir plus : http://www.luzeal.fr).

  Après cette matinée bien remplie, nous gagnons Juniville, à quelques kilomètres pour partager le déjeuner au restaurant le Moulin de la Chut, ancien moulin avec plusieurs étangs de pêche et une aire de jeux pour les enfants. Le temps du repas nous pouvons reprendre des forces et deviser sur les présentations de la matinée.

  Il est temps de quitter le restaurant pour découvrir une toute autre activité agricole avec la visite de la SARL Lescieux, plus connue sous l’appellation « Les pommes de terre de la Retourne », négociant en pommes de terre. Mme Marie-Christine de VULDER, directrice de l’entreprise, et sa fille nous reçoivent. Après avoir brossé l’historique de cette entreprise familiale créée en 1994, elles ouvrent un débat sur les différentes variétés de pommes de terre et leur usage culinaire qui suscite des échanges nourris avec quelques-unes de nos membres, sûrement habiles cuisinières. L’entreprise est le prolongement de la SCEA SOCAVAR qui produit plus de 150 tonnes de pommes de terre, en collaboration avec les agriculteurs locaux avec lesquels sont organisés les assolements. Elle produit toute une gamme de variétés, notamment « La Gourmandine », élue saveur de l’année en 2013 et 2014, « La Laurette » mais aussi « La Woinic » dont nous emporterons un filet en fin de visite. Après ces échanges, nous nous scindons en deux groupes pour visiter la société et suivre la pomme de terre de son arrivée en vrac à son conditionnement, en passant par les phases d’analyse en laboratoire, de lavage et de calibrage. La partie analyse est en effet primordiale pour répondre aux cahiers des charges imposés par les grands groupes de distributeurs. A l’issue de la visite, nous avons tous le sentiment d’avoir découvert une activité dont, en tant que simple consommateur, nous ne soupçonnions pas la complexité. (Pour en savoir plus: http://socavar.isasite.net).

  Il n’est pas possible de venir à Juniville sans se rendre dans un lieu incontournable : l’ancienne Auberge du Lion d’Or que nous avions déjà visitée en 1972, alors qu’elle s’appelait encore l’ancien café Prévôt. Située en face de la maison que louait Verlaine, elle est devenue aujourd’hui un musée à la gloire du poète. L’auberge est membre du réseau des Maisons des Illustres et de la Fédération des Maisons d’Ecrivains. Nous y sommes attendus par M. Marc GAILLOT qui, avec sa verve habituelle et son enthousiasme, nous donne sa vision théâtrale de la vie de Verlaine, de son œuvre et de ses relations tumultueuses avec Rimbaud. C’est sous le charme que nous achevons cette première journée. (Pour en savoir plus : http://www.musee-verlaine.fr).


  Nous nous retrouvons une quarantaine, le 5 septembre à Buzancy devant la grille de l’ancien collège, vestige du château de la Cour où nous attend M. Gilles DEROCHE, président du Centre d’Etudes Argonnais qui publie l’excellente revue Horizons d’Argonne (disponible en ligne : http://centretudargonnais.org). Les plus anciens adhérents se souviennent que M. DEROCHE avait donné le 7 avril 1998, une conférence sur Guy Desson. Il est actuellement en train de rédiger une biographie du général Alfred Chanzy, qu’il viendra nous présenter à Paris lorsqu’elle sera achevée. La vie et la carrière du Général Chanzy (né le 18 mars 1823 à Nouart et mort à Châlons-sur-Marne le 5 janvier 1883) sont le fil rouge de notre matinée que M. DEROCHE déroule à chacune de nos étapes dans Buzancy. M. le docteur Léopold NANJI, 1er adjoint au maire de Buzancy nous rejoint et participe à l’ensemble de notre matinée. (pour celles et ceux qui le souhaitent, le résumé d’une conférence de M. DEROCHE sur Chanzy peut être adressé au format .pdf).

  Notre journée commence devant l’entrée du château de la Cour, qui fut la demeure du général Chanzy qui l’acquit en 1871. Le château fut détruit lors des guerres successives et l’édifice actuel est un pavillon édifié par la petite fille du général. Collège public jusqu’à sa fermeture en juin 2014 et son regroupement avec celui de Grandpré, le bâtiment a été mis en vente par le Conseil départemental et il est sur le point d’être cédé.

  Le château domine le cimetière où nous nous rendons ensuite pour y découvrir quelques tombes remarquables, à commencer par le mausolée du général Chanzy, dont on peut constater qu’il forme une enclave sur le terrain du château. Grâce à l’obligeance de la Municipalité, nous pouvons pénétrer dans la chapelle funéraire de la famille Chanzy et admirer le gisant, oeuvre du sculpteur de Tagnon Aristide CROISY (1840-1899) qui a également réalisé le buste du mausolée et la statue en pied sur la place face à la mairie, inaugurée le 28 septembre 1884.

  M. DEROCHE commente quelques sépultures : le Carré militaire récemment remis en état par la municipalité où ont été déposés les restes de soldats tombés en 1870 (dont une colonne rappelle le souvenir des combats, à l’entrée du village) ; l’étonnante sépulture mauresque de la famille du général Féraud, apparentée aux Chanzy, et celle voisine de la famille Thévenet-Gérard. Nous passons devant la chapelle de la famille du géologue Edmond Nivoit dont nous reparlerons au cours du repas, avant de nous attarder devant l’enclos des sépultures de la famille Gobron, notamment celle de Gustave Gobron (né à Buzancy en 1846 et mort en tournée électorale à Wadimont en 1911, village où réside notre président). Fils de notaire, il commença sa carrière professionnelle aux établissements Godillot, fournisseurs bien connus des Armées. Il se lança ensuite dans l’industrie automobile naissante en créant la firme Gobron-Brillé qui produisit des véhicules de 1898 à 1930 (http://oldornes.free.fr/). Il fut également conseiller général du canton de Buzancy et député puis sénateur des Ardennes.

  Nous finissons devant l’imposant tombeau du professeur Augustin Gilbert (1858-1927), membre de l’Académie de Médecine, dont on se rappelle qu’il est à l’origine d’une grande partie des collections du musée de la Faculté de Médecine que nous avons visité lors de notre promenade sur les traces de Corvisart. Un médaillon lui rend également hommage en contrebas de l’église Saint-Germain.

  Redescendant vers l’église Saint-Germain nous nous attardons, au passage devant le portail d’entrée du XIIIe siècle, orné d’une statue de saint Germain?. A l’intérieur, nous pouvons admirer les chapiteaux à feuilles et à fruits??. On peut remarquer les stalles de chêne sculptées, deux reliquaires polychromes. Le maître-autel à baldaquin est baroque tout comme les autels latéraux??, au nord dédié à la Vierge et au sud à saint Nicolas, tous deux richement décorés. De nombreuses statues attirent notre attention, notamment la Vierge à l’Enfant de Notre-Dame de Masmes, provenant de la chapelle voisine. On peut également admirer les lumineux vitraux, dus à l’atelier de Maurice Bordereau à Angers et datant de l’après-guerre.

  Nous gagnons ensuite le château Augeard dont nous avons du mal à imaginer la magnificence, celui-ci ayant disparu lors d’un incendie en 1804. Nous pouvons néanmoins nous faire une idée de son importance avec la Bouverie en arc de cercle, restaurée, où sont un haras privé et un musée du cheval.

  Sous la conduite du docteur NANJI, nous nous rendons au plan d’eau de la Samaritaine qui abrite la base de loisirs de la Commune mais qui est surtout le vestige de la monumentale pièce d’au du château Augeard.

  L’heure est venue de gagner le restaurant L’Auberge du Petit Nay, à Nouart où nous retrouvons M. Alain LIZZIT, sous-préfet de Vouziers, représentant le préfet des Ardennes, chargé de remettre le cadeau offert par le Président de la République. A cette occasion quelques mots sont échangés. Le président de «l’Ardenne à Paris» souligne les deux raisons essentielles qui ont présidé au choix de Buzancy pour cette journée. La première est qu’en 86 années d’existence « L’Ardenne à Paris » n’est jamais venue à Buzancy. Pour la seconde, nous nous sommes arrêtés devant la tombe d’Edmond Nivoit qui n’était autre que le père de Marguerite Nivoit, épouse d’Albert Lebrun à qui nous devons la tradition du cadeau du Président de la République. Au cours de son allocution, le président évoque également le souvenir de l’avocat et homme politique Edmond Hannotin (1874-1965), originaire de Buzancy qui fut durant de nombreuses années un membre fidèle de « l’Ardenne à Paris ». Il fut conseiller général de Buzancy et maire de la Berlière jusqu’à sa mort. Il était le grand-père de la comédienne Catherine Rich, sollicitée, en vain, pour venir parler de son métier. En conclusion le président remercie toutes celles et ceux qui l’ont aidé à préparer ces journées, en particulier M. Gilles DEROCHE pour sa disponibilité, M. NANJI, adjoint au maire, M. Jean-Achille LAURENT qui recevra l’assistance après déjeuner et M. LIZZIT, sous-préfet de Vouziers qui a pris sur son temps pour nous remettre la bonbonnière en porcelaine de Sèvres.

  M. LIZZIT, de son côté dans un langage direct nous dit son plaisir d’être parmi nous et bien que nommé depuis peu de temps retrace à grandes lignes les atouts de l’arrondissement de Vouziers. Mais surtout il affirme avec vigueur son choix délibéré du service public et sa fierté de servir dans le corps préfectoral.

  Comme à l’accoutumée, pour ces deux jours, Annick DUFAY a confectionné les menus. A l’issue du repas, Anne-Marie LIQUIER procède à la distribution des enveloppes pour le tirage au sort de la bonbonnière et c’est M. NANJI qui est invité à procéder au tirage au sort. C’est bien volontiers que celui-ci se prête à cette opération au cours de laquelle il mystifie Anne-Marie LIQUIER en tirant deux fois le même numéro. Car pour celles et ceux qui ne le savent pas M. NANJI est médecin, 1er adjoint au maire mais aussi magicien et nous ne désespérons pas de le recevoir un jour prochain à Paris.

  Passant devant la plaque qui rappelle la maison natale de Chanzy, nous quittons Nouart pour Barricourt où nous faisons halte pour admirer l’église romane, son portail et sa tour carrée, décorée de baies géminées et de modillons. Si l’église a été épargnée par un glissement de terrain en 1783, l’intérieur semble désormais réservé aux pigeons et laisse les participants assez tristes de l’état de ce patrimoine.

  Puis nous poursuivons vers le charmant village de Tailly où le peintre aquarelliste Jean-Achille LAURENT nous attend pour présenter, avec d’humour, son atelier et sa maison remplie de ses œuvres charmantes et variées. Nous faisons ensuite le tour du village, admirant au passage les trois fontaines-lavoirs, la maison forte et le château de la famille Darodes de Tailly. Grâce à l’obligeance de Mme LAURENT, nous pouvons également visiter l’église Saint-Remy.

  La fin de l’après-midi approche et le temps se fait menaçant. C’est le moment de se dire au revoir et peut-être à l’année prochaine, à la découverte d’autres richesses du Département.

  PS : pour celles et ceux qui y étaient et celles et ceux qui regrettent de n’avoir pas été là, vous trouverez quelques photographies encartées dans ce numéro [*] et comme chaque année, vous pourrez retrouver le reportage de Françoise GENCY sur le site : quand il lui plaira de nous l'indiquer.

  Jean-Louis LÉGER.

[*] l'article ci-dessus paraîtra dans le prochain bulletin (n°242)

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