 L'Ardennais d'adoption, Georges-Alexandre Pros
avec son petit fils. photo L'Union-L'Ardennais Karen Kubena
|
« J'ai eu une vie intéressante par la diversité des amis que j'ai pu faire et les
milieux fréquentés. Grâce aussi au théâtre et à mon métier d'avocat. Aujourd'hui, je
me reconvertis dans la littérature et l'amélioration du standing de ma maison à Les
Mazures ».
Retraité depuis 5 ans, Georges-Alexandre Pros a ainsi passé le mois d'août dans les
Ardennes avec son épouse et une amie du couple, Jacqueline. Gainsbourg, la soeur du
chanteur, qui exerce ici ses talents de cuisinière et de pianiste.
Rendez-vous culturel
Les Mazures, un passage obligé pour ce Parisien pressé de revenir dans un village où
« l'une des sépultures familiales date de 1817 ».
Cette demeure ancestrale, devenue résidence secondaire depuis 1948, est le rendez-vous
d'hommes de lettres. Comme le biographe Ghislain de Diesbach, le fils du duc d'Harcourt,
Jean, venu là avec la princesse du Liechtenstein, ou l'écrivain et critique littéraire,
Eric Ollivier, Prix Nimier 1967 et Interallié 1982.
Souvent, les conversations tournent autour de la vie trépidante de Georges-Alexandre.
Le théâtre et le cinéma où il fut introduit par un ingénieur de la lumière.
« Sur grand écran, j'ai tourné dans sept films en disant souvent trois mots. De la
figuration intelligente. J'ai tout de même été du générique de « Le silence est d'or »
de René Clair et « Le diable au corps » de Claude Autant-Lara ».
Et de citer l'une des scènes de « Le beau voyage » tournée par Louis Cuny aux
Buttes-Chaumont en 1947.
« Je jouais le rôle d'un passager sur un bateau. Et l'actrice principale, Renée
Saint-Cyr disait « Oh que la mer est belle ! » et je m'approchais alors du bastingage
au moment où le pompier de service allumait sa lance pour m'inonder la poire ».
En duo avec Rellys
Sur scène où il était connu sous le pseudo de Georges Clarieux - « contraction des
noms d'Aimé Clariond, l'un des grands comédiens de l'époque, et Danièle Darrieux que
je vénérais » - il a aussi chanté en tandem avec Rellys.
L'Ardennais d'adoption goûte aussi à la radio. « J'ai pris du plaisir lors d'émissions
avec Roland Dhordain en jouant les avocats, les poètes et les peintres ».
Entre temps, en 1948, Georges-Alexandre a prêté serment. Il apprend le métier d'avocat
avec Me De Vesinne Larue, connu pour avoir défendu Violette Nozières.
« Un monde proche du théâtre. Il y a un parallèle indéniable. J'ai enfin pu faire de
la mise en scène dans le rôle principal. Il fallait arriver à faire passer l'émotion
chez les jurés ».
Aujourd'hui, il termine deux livres. L'un sur la vie d'autrefois au Palais de Justice ;
l'autre qui s'intitulera « Une mémoire polissonne » sur l'évolution de sa vie
sentimentale depuis sa plus tendre enfance.
« Aujourd'hui, je suis plus près de la fin du voyage que du début. Je ne compte pas
les amis disparus. J'applique toujours un principe inculqué par ma mère. Si tu ris,
tout le monde rira avec toi, et si tu pleures, tu seras seul à pleurer ».
Elle possédait sur sa cheminée une pensée de Montaigne : « Si haut qu'on soit placé,
on est toujours assis sur son cul ».
[ L'Ardennais du 26/09/06 / Pascal Remy ]
|
 photo L'Union-L'Ardennais
| Avocat d'une faune étonnante
La carrière d'avocat de Georges-Alexandre Pros avait plutôt mal
démarré. « Coup de sonnette à mon cabinet, j'ouvre à un gaillard qui, aussi sec, me
demande : « Il est là ton papa, l'avocat ? ».
Mais l'homme de justice arrivera à faire son chemin. Un concours de circonstance
l'amène à trouver une clientèle solide.
« Une de mes clientes se trouvait en cellule avec une autre détenue défendue depuis
de longs mois par un avocat renommé mais qui ne la visitait pas souvent. Lorsque j'ai
fait retrouver sa liberté à ma cliente, l'autre m'a demandé de la soutenir.
J'ai obtenu l'autorisation de son conseil. Et en allant voir le juge, celui-ci
m'apprend qu'elle avait fait son temps. Elle sortit donc de la Roquette, le lundi ».
La réputation de Me Georges-Alexandre Pros était faite. « Du jour au lendemain, j'ai
été considéré comme «le spécialiste des libertés provisoires». J'ai défendu la moitié
des occupantes de la prison et été catalogué comme l'avocat des filles de joie ».
Sa clientèle évoluera et il deviendra le défenseur des maisons d'édition.
Dans un ouvrage intitulé « Boulevard du Palais », paru en 1992 aux Editions de Fallois,
il évoquera « cette comédie humaine, dramatique, burlesque et souriante aux mille
acteurs divers ». En dévoilant le côté cour et le côté jardin de ce milieu.
Suivra, en 1999, « Le dernier été », un livre qui raconte ses dernières vacances
d'enfant en août 1939 dans ces Ardennes tant aimées.
Il se fait le chantre des bruyères, des ciels lourds, des forêts profondes et des
légendes ardennaises.
« Sans tambour, ni trompette », écrit en 2004 et édité chez L'Harmattan se voit
décerner le Prix Malesherbes. « C'est mon exode en 1940. La première fois où j'ai
quitté mes parents ». Une vision émouvante et ironique de cette période.
[ P.R. ]
|