Hommage à « Nénesse »
Les chroniques "Salut Nénesse" ont été regroupées dans un recueil, édité en
décembre 2005 par "Terres Ardennaises". Elles sont parues, pour la plupart, dans le
quotidien "L'Ardennais".
L'ouvrage est préfacé par Michel Tamine, et illustré par Simon C. Il comporte aussi un
important lexique, ainsi que de nombreuses photographies.
Le tout, en 368 pages, est proposé au prix de 24 euros.
Ci-après, des extraits du journal "L'Union/L'Ardennais" relatifs à l'hommage rendu à
l'auteur des chroniques "Salut Nénesse" par des gens qui l'ont bien connu.
Bogny-sur-Meuse honorera, samedi, la mémoire de René Dauvin qui assura durant 12 ans
la rubrique « Salut Nénesse » dans L'Ardennais. Souvenir, souvenir.
Du passé, les Bognysiens ne font pas table rase. A l'initiative de Jean Boisseau,
d'Aymon Lire, Dominique Payon et d'une des deux filles de l'intéressé, Mireille
Pousséo, une animation sera consacrée, le samedi 20 novembre, à 18 heures, à Bogny,
à Pierre René Dauvin.
Un homme qui fait partie du patrimoine local.
Né à Braux le 7 juin 1909 de l'union d'une repasseuse et d'un tourneur qui s'étaient
connus lors d'un bal au café de la rue du Bateau, René Dauvin fut employé comme
graveur en matrice à l'île au diable puis outilleur aux usines Lenoir et Merveille.
Tout en travaillant au dépôt-épicerie « L'Ardennaise » qu'il tint, Place de la
République, en compagnie de son épouse, Raymonde, et de sa mère, Julie Goury.
Le portage à vélo
Alors secrétaire général de mairie, André Patureaux se souvient des talents de
comédien de celui qui fut connu sous le sobriquet de « Nénesse ».
« Il faisait partie du groupe théâtral de l'amicale des anciens élèves de l'école
de garçons. Un acteur doué. Il formait un sacré tandem avec Raymond Puiseux.
Ils étaient entourés d'André et Elisabeth Godelet, Georges Menet et Robert Lina ».
Sur les planches, ils jouaient : « Le tampon du capiston » et « J'ai de la némie ».
Un éclat au travail le priva d'un oeil le jour où il reçut un avis favorable pour entrer
dans la gendarmerie.
« Il dut rester en usine » se rappelle le patoisant Robert Maljean. Mais, en 1943,
« El reneye » devint dépositaire de presse.
« Il attaqua la tournée de portage au guidon de son inséparable vélo muni d'une boîte
porte-journaux. Cette pièce de collection dont il se servait aussi pour ramasser les
groseilles et les balosses, on l'a retrouvée à son domicile. L'engin sera exposé en
mairie lors de l'hommage que nous lui rendrons » précise Jean Boisseau.
A son guidon, René Dauvin sillonna chaque quartier pour apporter les bonnes et mauvaises
nouvelles. « Il connut ainsi une grande partie des gens du village et amassa de
nombreuses histoires ». ll fut aussi à l'origine de la création du club photos et le
président de la section des mutilés du travail.
600 articles
Puis en 1971, suite à un contact avec M. Pouillaude, chef des ventes à L'Ardennais,
il émet l'idée de créer dans le journal une rubrique hebdomadaire en patois.
Le premier « Salut Nénesse » parut le 22 janvier. Chronique bien sentie, publiée tous
les mercredis jusqu'en 1983, elle fit le bonheur des lecteurs du cru.
« Le succès m'amena à écrire près de 600 articles. Le premier était un rappel de tous
les maires de Braux depuis la révolution » nous avait confié ce personnage avenant,
pince sans rire et hâbleur.
« El patois, c'est l'héritadge que nous z'ons légué nos parents. Certains diront
q'c'est n'langue de barbare, qu'elle net vaut mi el bon français. Seul'ma à c'theure,
ça n'est mi rare d'woir el français truffé d'anglais » disait non sans malice ce
« micassau » bon teint et fier de l'être.
Sur ses cahiers jaunis, il plongea dans l'écriture avec allégresse pour conter les
« us et coutumes » du « pays ».
Les parties de boules, le « péquet », les fêtes patronales, les périodes de conscription,
le tir à l'oye ou le chien Faraud.
Un vrai théâtre de boulevard.
« Il avait de réelles qualités de conteur et le chic pour narrer les faits locaux.
Il tenait ça d'un arrière grand père, Joseph Bouché, auteur de deux chansonnettes :
« Le bedot » et « Un milord aux longs bras ».
Décédé le 10 février 1993, René en montrant un sablier eut ce bon mot sur son lit de
mort : « C'est cumm'la qu'ej veux finir ». Et il fut incinéré après avoir dit « Ada »
à tous.
Pascal Remy
(L'Union/L'Ardennais du 16/11/2004)
Un conteur bin de t'chu nous !
Le « beuqueux », Yanny Hureaux, nous dit ici tout le bien qu'il pensait du patoisant
de Bogny.
« Dans chacun de ses fabuleux « Salut Nénesse », René Dauvin ne se contentait pas de
raconter une histoire en patois. Il la faisait vivre. Elle incarnait ce que fut notre
patois au temps heureux où, dans nos forêts, nos villages, nos « boutiques », le peuple
de l'Ardenne le grommelait. Beaucoup mieux qu'une langue écrite ! Un parler populaire
avec ses mots à lui, des mots changeant d'une Vallée à l'autre.
René Dauvin s'exprimait dans le patois de Braux. Afin de le rendre accessible à tous
les lecteurs de L'Ardennais, il francisait volontiers. Qu'importe, puisque l'essentiel
était dans le ton, la musique, la gouaille des mots de ce conteur bin de t'chu nous !
Sacré Nénesse, si tu savais comme tu nous manques ! »
Héroïne
Une des héroïnes de ces chroniques était Raymonde, la propre épouse de l'auteur, mise en scène
sous le nom de "Mélie", partie rejoindre son Nénesse, à l'âge de quatre-vingt-treize ans.
René Dauvin n'est pas l'auteur de toutes les histoires indiquées ci-après, mais
toutes valent sans doute qu'on y fasse un bref détour.
En marge de Nénesse : Soirée patois autour du Ricaneux
Il a fallu rajouter des chaises au dernier moment pour accueillir tout le monde.
La soirée patois autour du Ricaneux, Robert Deloche, a connu un vif succès. Un public de 130
personnes y a assisté. Plusieurs personnes, M. Maljean, M. Vierra, Mme Maud'hui, M. Bois,
ont repris les textes du Ricaneux. Des histoires locales (vraies ou presque), des histoires
qui déclenchaient quelques fous rires.
Dans l'ambiance de la soirée, Freddy, originaire de Joigny, a rappelé l'histoire du Pont de
Jogny. A cette époque, c'était une passerelle en bois où il était difficile de se croiser,
jusqu'à la réunion du conseil municipal pour trouver une solution à ce problème. L'histoire
veut que ce soit un enfant qui proposa la solution : construire une nouvelle passerelle
« Une passerelle pou passer et une autre pou rappasser ! ».
Les différents conteurs ont conclu que ces textes constituaient, « les lettres de
noblesse du patois local, une mémoire qu'il faut entretenir », le public en redemande…
La soirée s'est terminée par quelques chansons interprétées par Claude Mleczak, et reprises
en chœur par le public.
[ l'union/L'Ardennais du 27/11/07 ]
[ Le patois ardennais
du Ricaneux ]
Qu'ont donc voulu dire les auteurs d'un « Petit Précis [vraiment petit : 70 pages, mais
illustrées] de Patois Ardennais à l'usage des Rémois et autres hardis voyageurs »
en parlant de « jargon frelaté du Nénesse ou du Mimile ... » ou de
« locuteurs natifs » dispensés du subjonctif et copiant le chti ? Ne se nicherait-il
pas un brin de condescendance, dans le choix du titre ? Soutiendraient-ils les con-cepteurs d'un
calicot qui se voulait ironique mais n'était que méprisant, étalé dans les tribunes d'un stade,
lui-aussi à la recherche de son passé ?
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