Le Coureur Duval1

C'est une rue passante, qui conduit à Mézières,
Bordée de spectateurs avec des bataillons
D'agents; où la mousine2 de la Toussaint, misère3,
Choit : c'est un passage qui cliffe4 de rayons5.

Un cycliste jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et roulant dans le frais6, et moulu7, comme un bleu8,
Pousse9 ; il est assis sur la selle, sous la nue,
Rouge sur son vélo où la grisaille pleut.

Les pieds sur les pédales, il pousse. Son grimpant10 a
Glissé
jusqu'au bas de ses reins, qu' il ne sent pas.
Spectateur, applaudis chaudement ses prouesses.

Les bravos ne font pas frissonner sa raison.
Il pousse malgré la pluie, le nez11 dans le guidon
Fébrile
. Il a une raie noire entre les fesses12.

M.D. (Novembre 195? & Janvier 2003)

Un jour de Toussaint des années 1950, l'auteur de ces lignes a assisté, sur le Cours Briand, à une course cycliste pour débutants ("Premier Pas Dunlop"). Un coureur, pourtant loin des premiers, n'est pas le moins applaudi ...

  1. anonyme du peloton (et non Aurélien Duval, [ex-]cyclo-crossman ardennais, né en 1988)
  2. pluie fine, bruine (patois)
  3. exclamation trouvée dans "Les Effarés"
  4. éclabousse (patois)
  5. de vélo !
  6. humidité (patois)
  7. calembour (dérapage !)
  8. un débutant
  9. comme "Dédé", l'ancien pistard
  10. pantalon (argot), ici culotte (qui descend)
  11. (variante : les mains sur ...)
  12. là où la roue arrière, dépourvue de garde-boue, projetait ... de la boue.


[ Texte original ]